mardi 30 juin 2015

Délais de rendez-vous en IRM En 12 ans, une amélioration très insuffisante

La FNMR constate à la lecture de l'enquête ISA 2015 que le délai de rendez-vous pour un examen d'IRM s'est réduit de 37 jours en 2014 à 30 jours en 2015[1].

La  FNMR relève, cependant, avec inquiétude que ce délai moyen est bien loin de l'objectif de 20 jours du Plan Cancer 2014-2019 et que de très fortes disparités se creusent entre les régions.

La principale raison en est toujours le sous-équipement chronique de la France en IRM. Alors que notre pays dispose de 12 IRM par million d'habitants, la moyenne européenne est de 20, et celle de l'Allemagne de 30.

Les  conséquences à ce sous-équipement sont importantes :
-      Risque de perte de chances pour les patients. Rappelons que l'étude porte sur une demande d'IRM pour suspicion de rechute de cancer.
-      Inégalité d'accès à l'IRM et donc de chances selon la région.
-      Insuffisante substitution de la radiologie conventionnelle par la technique de l'IRM non exposante aux rayons X.

La FNMR a été à l'initiative de l'introduction des IRM à visée ostéoarticulaire afin de décharger les IRM polyvalentes. L'étude, tout en restant prudente sur ses conclusions, note que les premiers résultats font apparaître une réduction des délais de rendez-vous pour les IRM polyvalentes adossées à une IRM ostéoarticulaire avec seulement 23 jours.

La FNMR appelle, une fois de plus, les pouvoirs publics à prendre la mesure des efforts qui restent à faire alors que le délai moyen n'est jamais descendu en dessous de 29 jours depuis 12 ans. Il s'agit de la santé des Français, chaque patient doit bénéficier des meilleurs diagnostics et des meilleurs traitements dans  les  délais les plus brefs.

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Contact : Docteur Jean-Philippe MASSON - Président FNMR - Tél : 01.53.59.34.07.

Fédération Nationale des Médecins Radiologues
168 A rue de Grenelle – 75007 PARIS
Tél : 01.53.59.34.00. – Fax : 01.45.51.83.15. – Mail : info@fnmr.org


[1] Les insuffisances en matière d'équipements d'imagerie médicale en France : Etude sur les délais d'attente pour un rendez-vous IRM 2015 _ Etude pour Imagerie Santé Avenir 2015. Dr Bruno Detourney

mardi 2 juin 2015

Sécurité du patient : la HAS se mobilise pour réduire les risques associés aux soins

Un patient hospitalisé sur 10 subirait un événement indésirable lors de ses soins. Contrairement aux idées reçues, l’erreur individuelle du professionnel n'est pas la cause principale de tels événements. En effet, les données recueillies à ce jour mettent en cause d’autres dysfonctionnements.

Dans 1 cas sur 3, c'est le travail en équipe dont la communication (entre professionnels et vers le patient) qui en est la cause. La HAS dresse aujourd’hui un bilan et dévoile sa stratégie pour que l’équipe et le patient soient les acteurs clefs de la diminution des risques associés aux soins.
Les quelques études disponibles sur les évènements indésirables graves montrent qu’un patient hospitalisé sur 10 subirait un évènement indésirable associé aux soins. Mais ces études sont peu nombreuses et non exhaustives. La Haute Autorité de Santé a toutefois pu recueillir des données précieuses auprès des médecins accrédités concernant les "évènements porteurs de risque" (EPR). Il s'agit d’évènements indésirables survenus en établissement de santé qui auraient pu porter préjudice au patient mais qui ont pu être évités par les soignants, des barrières de sécurité ayant fonctionné. Il peut s’agir par exemple d’une erreur de médicament rattrapée avant son administration, d’une erreur dans le dossier du patient récupérée avant une intervention, d’un défaut de transmission d’une information qui retarde la mise en route d’un traitement. Partir de ces « presque accidents » permet d'identifier les solutions qui ont fonctionné et qu’il faut développer dans les services/équipes similaires. L’analyse des EPR est aussi riche en enseignements sur les causes de leur survenue : le plus souvent, il s’agit du travail d’équipe (27 %) suivi par les dysfonctionnements liés aux tâches à accomplir (23%) puis des causes liées au patient lui-même (15%).
En complément des autres actions pour la sécurité du patient, la HAS se mobilise pour mettre la question du travail en équipe au centre des préoccupations, afin de diminuer la survenue des évènements indésirables ou d’en atténuer les conséquences quand ils se produisent. Elle présente aujourd’hui les programmes et outils qu’elle développe dans ce sens.

Encourager l’analyse des évènements indésirables par les équipes de soignants

Alors que le retour d’expérience est une démarche incontournable dans les secteurs à risque tels que l’aviation ou le nucléaire, le secteur de la santé s’appuie encore beaucoup sur un retour d’expérience tacite, limité à un cercle spécialisé et moins sur des retours d’expériences structurés et pluri professionnels. Ce retard porte atteinte à la sécurité du patient : les erreurs non recueillies et non analysées ne sont pas corrigées de façon adéquate et risquent de se reproduire régulièrement.
La HAS souhaite engager un cercle vertueux en se servant du levier de la revue de morbi mortalité (RMM). Obligatoire dans certains services (en chirurgie, anesthésie et cancérologie), elle permet de faire le point a posteriori sur les erreurs commises afin de pouvoir les éviter dans le futur. Or, cette démarche n’est réalisée à ce jour que dans 57% des établissements concernés. La HAS souhaite que le retour d’expérience se généralise, non seulement en établissement de santé mais aussi en ville et qu’il devienne un réflexe pour toutes les équipes.

Deux leviers de la HAS sur le fonctionnement des équipes : PACTE et l'accréditation

L’équipe a été identifiée comme la première cause profonde d’un évènement porteur de risque (27% des cas observés). Sur la base de ce constat et d’expériences étrangères réussies, la HAS a lancé une expérimentation novatrice sur le territoire dite « Pacte » (Programme d’Amélioration Continue du Travail en Equipe), pour aider les équipes pluri professionnelles à travailler sur les facteurs organisationnels et humains : l'écoute, l’entraide, la prise en compte du stress, la communication, etc. Depuis 2013, dix-huit équipes ont déjà expérimenté la démarche. Après un an d’expérimentation, les équipes ont engagé des actions sur la gestion des risques, la communication et la synergie d’équipe (meilleure définition de l’alerte, amélioration du contenu des transmissions, mise en place de staff pluri-professionnel, …). Ce programme entame une phase pilote plus large avec presque 70 équipes déjà volontaires. Il est envisagé à terme de valoriser ces équipes au niveau de la certification des établissements de santé.
Ce programme intègre par ailleurs les outils pratiques élaborés ou adaptés par la HAS et destinés à aider les professionnels à mieux communiquer et travailler ensemble au quotidien à chaque étape (« 3 dires », brief/debrief, méthode Alarm, …).
Enfin, pour sortir des logiques individuelles, la HAS encourage la démarche en équipe dans le dispositif d’accréditation. Mise en place pour les médecins exerçant une spécialité ou une activité « à risques » en établissement de santé, l’accréditation est aujourd’hui une démarche principalement individuelle qui permet de prévenir les évènements indésirables. Aujourd’hui, ce sont plus de 20 équipes qui se sont engagées dans le dispositif, 5 équipes en gastro-entérologie et anesthésie-réanimation ont déjà été accréditées par la HAS à ce jour.

Le patient, partenaire actif de l’équipe

Dans les problèmes de communication identifiés, certains concernent la communication entre professionnels de santé et patient. De plus, dans 15% des cas, un facteur lié au patient est retrouvé. C’est pourquoi la pratique doit évoluer pour reconnaître et donner au patient un rôle actif dans sa prise en charge et notamment dans sa capacité à prévenir ou alerter sur la survenue d’évènements indésirables qui affectent sa sécurité. En tant que partenaire essentiel de l’équipe de soins, il doit pouvoir comprendre, participer et être vigilant sur chaque étape de sa prise en charge.. Pour cela, la HAS a développé plusieurs outils inscrits dans les actions du Programme national pour la sécurité du patient (PNSP) : production de documents à destination du patient, adaptation et diffusion de la méthode des « 3 Dires » , méthode qui permet de s’assurer de la bonne compréhension des informations médicales par le patient, diffusion de la méthode des « 3 Quoi » adaptée de l’outil Ask me 3 …
Enfin, la HAS a intégré l’expérience du patient à son dispositif de certification des établissements de santé, avec la méthode du « Patient-traceur ». Lors de la visite des établissements par des experts visiteurs de la HAS, une partie de l’évaluation repose désormais sur les dossiers des patients afin de vérifier à chaque étape si la prise en charge était adaptée. Lors de cet examen, le ressenti des patients est directement recueilli. Une transposition à la ville est en cours d’expérimentation.