mardi 14 juin 2011

Dans le nucléaire, il y a un avant Fukushima et il y aura un après. Dans la lutte antibactérienne, il y a un avant Hambourg et nous espérons, un après

Vendredi 10 juin, 31 personnes décédées, et 32 annoncées ce samedi 11 juin , victimes de l'épidémie de diarrhées mortelles et des milliers de patients hospitalisés dont certains, en insuffisance rénale sévère, sont sous dialyse, ils sont toujours en danger.
Des graines germées seraient en cause comme vecteur de la bactérie tueuse à l'origine de l'épidémie, a annoncé à Berlin le directeur de l'Institut fédéral de veille sanitaire.La présence irréfutable de la bactérie dans certains champs n’a pas été prouvée mais "la chaîne d'indices est tellement importante" qu'on peut identifier désormais l'origine de la contamination, ont expliqué les responsables des autorités sanitaires allemandes.
"Il n'y a pas d'autre piste sérieuse que les graines germées", a répondu un responsable sanitaire à une question sur la certitude à 100% des autorités ; il assure qu'il n'y a pas d'autre source de contamination que ces graines germées, et de ce fait, l’alerte sur les végétaux crus, salades, tomates et surtout concombres est levée.

Des graines germées et alors ?

Deux questions majeures restent sans réponse.

1 - D’où vient cette contamination des graines germées ?

Les graines sont élevées dans l'humidité et à des températures de plus de 20 °C, elles ont été déjà identifiées par des chercheurs comme vecteurs de bactéries pathogènes, comme l'ECEH en cause dans l’épidémie de Hambourg,mais aussi de bactéries comme la salmonelle ou la listérie.
S’agit-il alors d’un manque d’hygiène soit dans les procédures mêmes de mise en germination, soit de la part des personnels responsables de leur manipulation à un niveau ou à un autre? ou s’agit-il d’une contamination par les fertilisants, déchets organiques ou eaux d’arrosage, la réponse n’est pas encore connue? nous n'en savons rien.

2 – D’où viennent la virulence mortelle et sa résistance aux antibiotiques de cette forme de e-coli ?

Car là sont les sources profondes de cette mortalité.
Il ne suffira pas de désigner un bouc émissaire, qu’il s’agisse de personnels ne respectant pas les règles d’hygiène de base, ou ne respectant pas les procédures ou qu’il s’agisse d’une contamination des germinations en cours par contact avec des éléments nutritifs pollués; nous devrons aller plus loin et travailler sans attendre et en profondeur, sur ce qui rend nos bactéries si virulentes et si mortelles. Est-ce un contexte de pollution, le réchauffement climatique, ou est-ce la surconsommation d’antibiotiques?

Les leçons de l’expérience :

La question de la résistance bactérienne n’est pas nouvelle. Tous les jours en France des patients meurent contaminés par des bactéries hautement résistantes dans nos hôpitaux. Le nombre de ces victimes décédées est nettement supérieur au nombre actuel de victimes de Hambourg , si l'on prend une même durée de 3 semaines; en France les infections nosocomiales touchent plus de 700 000 personnes chaque année et en tuent environ 5000, or 30% seraient dues aux BMR ou bactéries hautement et multirésistantes aux antibiotiques, et pourtant il n’y a toujours pas de réelle prise de conscience des acteurs à hauteur des enjeux ni de politique offensive.
Pourquoi la panique pour les victimes d'Hambourg, et une certaine indifférence pour les victimes d'infections nosocomiales? les unes méritent un intérêt planétaire, les autres meurent dans le silence de tous ou presque, et pourtant elles ne méritent pas plus cette terrible épreuve.

Pourquoi mobiliser la planète quand il s'agit d'un risque infectieux que l'on pense alimentaire et ne pas la mobiliser pour le même processus morbide quand il s'agit d'un risque associé aux soins? sans doute parce que chacun se sent concerné par un risque alimentaire, et pas du tout par un risque lié à un acte de soin.

Pourquoi par exemple, les préparateurs alimentaires, en industrie ou en distribution, protègent les aliments des bactéries transportées par leurs cheveux, et portent obligatoirement une coiffe sous peine de sanction grave, et pourquoi n'a t-on pas les mêmes exigences en milieu de soins, lorsque le patient fait l'objet d'un soin à risque infectieux ?
Pourquoi est-il si difficile d'obtenir que toute personne qui délivre des soins porteurs de risque infectieux, se libère de ses bijoux et de toute fioriture superflue et dangereuse? Pourquoi un tel laisser-aller des tenues dans la plupart des établissements de santé ? une telle désinvolture envers les patients ? etc...
Alors, ne fermons plus les yeux sur la terrible réalité que vivent les patients infectés par des BMR, leurs souffrances endurées physiques, psychologiques et sociales, et celles de leurs familles. Ce sont de vraies tragédies et nous sommes tous concernés. Un jour l'un de nous peut être victime, comme des milliers de patients chaque année,


Lutter contre la résistance bactérienne doit être une priorité nationale de santé publique.


Face à l’offensive bactérienne, ne rien faire de conséquent, se contenter de mesurettes est une véritable non assistance à personne en danger.

La politique de lutte contre le risque infectieux et sa virulence impacte, comme nous l'avons affirmé aux Etats Généraux, plusieurs niveaux de décision; sont concernées la politique de santé, la politique agricole notamment sur les questions de production et modes d'élevage intensif et de rémunération des vétérinaires sur les tonnages d'antibiotiques vendus, la politique économique, la politique de consommation, la politique des frontières, la politique éducatives et très certainement la politique intérieure et de justice.

C'est pourquoi le LIEN a demandé au ministre de la santé, et va renouveler sa demande auprès du premier ministre, que soit mise en place une mission interministérielle à la lutte contre le risque infectieux.


C'est pourquoi aussi des personnes, plus conscientes que les autres de l'urgence de cette politique et de leurs responsabilités, se mobilisent et s’unissent dans une action « sauvons les antibiotiques »

en savoir plus
http://www.onerba.org/spip.php?article100(external link)


« Après Hambourg », pour le LIEN, c'est tout de suite.

C'est le 24 juin à l'Assemblée nationale, un débat sur la surconsommation antibiotique, animé par Gérard Bapt et Yves Buhr, ouvert par John Dalli, commissaire européeen à la santé et clôturé par Xavier Bertrand, ministre de la santé . L'alliance " Sauvons les antibiotiques" et le LIEN participent à la table ronde.
en savoir plus sur cette manifestation :
Colloque 24 juin Politique AB Assemblée Nle.pdf

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